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Décentralisation des communes de Bujumbura : sur papier

05/05/2013 Commentaires fermés sur Décentralisation des communes de Bujumbura : sur papier

La décentralisation en mairie de Bujumbura reste théorique. Par conséquent, les communes éprouvent d’énormes difficultés de fonctionnement. Les administrateurs de la mairie réclament l’autonomie de gestion.

<doc4110|right>"Tout changer pour rester pareil". Cette leçon de morale de Tancrède illustre bien la décentralisation en mairie de Bujumbura. Théoriquement, les communes de la mairie sont des entités décentralisées. Mais, elles sont restées des zones sous les ordres de la mairie. Cette situation pose de sérieux problèmes de fonctionnement des communes. "Toutes les recettes de la commune vont dans les caisses de la mairie de Bujumbura" affirme Damien Baseka, administrateur de la commune Kamenge. Selon lui, l’autonomie de gestion des communes de la mairie est un leurre. Le personnel de la commune est payé par la mairie. Même les dépenses ordinaires et parfois routinières comme le carburant, les savons, les stylos, les papiers, les papiers hygiéniques,… sont assurées par la mairie. "La mairie nous donne 300.000 Fbu tous les 3 mois pour assurer les affaires courantes. Cet argent n’est même pas régulier." martèle l’administrateur de Kamenge. Cette dépendance financière, poursuit-il, ralentit notre travail et la qualité de nos services en pâtit.

Cette situation fait que la commune n’est pas capable de réaliser des projets de développement. Selon Damien Baseka, avec l’autonomie de gestion, la commune de Kamenge pourrait engranger des recettes de plus de 100.000.000 Fbu. " Ce qui nous permettrait de réaliser de petits projets profitables à la population», souligne-t-il. Selon le politologue Siméon Barumwete, l’absence d’autonomie financière diminue et même relativise l’action, la légitimité et le pouvoir des institutions communales.

<doc4109|right>La décentralisation effective se fait attendre

Le processus de décentralisation en mairie de Bujumbura traine en longueur. Les administrateurs communaux dénoncent la passivité et le manque de volonté politique du gouvernement via les autorités du ministère de l’Intérieur et de la mairie.
Pour Papien Ruhotora, assistant du ministre chargé du développement communal, la question de la viabilité de certaines communes de la mairie de Bujumbura se pose. "On ne peut pas donner une autonomie de gestion à une commune qui aura du mal à fonctionner", déclare-t-il. Pour lui, un nouveau redécoupage des communes est plus que nécessaire.

Le professeur Barumwete recommande l’adoption d’une loi spécifique portant délimitation et organisation de la mairie de Bujumbura. Selon lui, cette loi permettrait de différencier les fonctions spécifiques du maire et de gouverneur de province, puisqu’actuellement le maire cumule ces deux fonctions. Cela crée une situation juridique très paradoxale, selon toujours Siméon Barumwete.

Pourquoi cette passivité ?

Selon certains observateurs, cette passivité est due à des intérêts qui sont en jeu. Pour eux, certaines autorités de la mairie ne veulent pas que la décentralisation soit effective de peur de perdre certains privilèges vu les recettes de la mairie chaque année. Un autre problème est l’avenir du personnel pléthorique de la mairie. La réaffectation des travailleurs de la mairie au cas où les communes deviendraient effectivement des unités décentralisées demeure un problème épineux.
Selon Théophile Niyonsaba, directeur général de la décentralisation, un projet de texte sur la décentralisation en mairie de Bujumbura est au niveau de la présidence, depuis 2011. Trop long pour les administrateurs.

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