Vendredi 29 mars 2024

Culture

La danse et la musique burundaises : ces ambassadrices de toute une nation

La musique burundaise à l’ère des nouvelles technologies

Au début des années 60, déclare Léonce Ngabo, musicien et cinéaste, les premiers orchestres naissent à l’instar de Vox Burundi, les Jaguars, etc. A l’aide de la guitare, ils vantent la culture burundaise, les mérites du pays et la lutte pour l’indépendance. Bref, il faut faire preuve du nationalisme dans ses chansons.

Léonce Ngabo : « Il était difficile voire impensable de faire de la musique lors des régimes militaires » ©Iwacu
Léonce Ngabo : « Il était difficile voire impensable de faire de la musique lors des régimes militaires » ©Iwacu

Déjà en 1973, se souvient-il, le Burundi organise la première compétition musicale. Léonce Ngabo devient premier avec la sortie de sa chanson « Sagamba Burundi ». Les autres chansons de son album passent aussi à la Radio Voix de la Révolution. D’ailleurs, l’une d’elles « L’unité, le travail, le progrès du Burundi… » sera choisie pour ouvrir l’antenne de la radio nationale. Et cette contribution médiatique incite beaucoup d’artistes à produire beaucoup parce qu’ils sont garantis que leurs œuvres quittent le cadre familial pour être nationales et internationales.

Pour la première fois également, un Burundais chante l’amour : longtemps déjà je crie, je crie, je t’aime mamie, oh oui je t’aime. Il est inspiré par le rock, le Rapp, des chansons de Johnny Halliday, etc.

Griots ou chanteurs engagés?

Là, nous sommes à la première République. Léonce Ngabo comme d’autres musiciens burundais n’ont pas le choix. Chanter pour le pouvoir, regrette-t-il, est inévitable puisque le pays vient d’entrer dans le système à parti unique, l’Uprona. Et presque tous les musiciens entrent dans la danse. « Même s’il ne relève pas de l’art, ce phénomène a toujours existé », regrette le cinéaste et chanteur. Il donne l’exemple de l’époque monarchique où à travers des éloges, le roi était placé au sommet parce que c’est lui la source des richesses des Barundi. Et sous la 2ème République, se souvient M. Ngabo, quand le président Bagaza a pris le pouvoir, il a demandé que sa personne ne soit pas chantée. Pourtant, quatre ans plus tard, ses conseillers n’en pouvaient plus : « Pour marquer des points, ils vous proposent une chanson et après, la demande est ingérable. »

Pacifique Nzitonda alias Pacy estime que chanter pour tel et tel autre pouvoir est un droit reconnu à tout musicien, pourvu qu’il ne soit pas instrumentalisé : « Durant la campagne électorale de 2010, quand certains journalistes nous ont entendus chanter pour le pouvoir CNDD-FDD, ils n’ont plus diffusé que les chansons neutres que nous avions sorties bien avant, qui donnent des conseils sur la vie quotidienne. »

Pacy persiste et signe qu’il n’a pas changé de vision : « Je ne suis pas un instrument. Je réfléchis et je décide ce qu’il convient de chanter. De même que je dénonce ce qui marche ou pas. » Ceux qui ne chantent pas pour le parti, avance-t-il, votent tout de même pour qui bon leur semble : « Voter pour lui, c’est bien, mais chanter pour lui n’est pas mal non plus. »

Le groupe Intatana : allier tradition et modernité ©Iwacu

Au-delà du rassemblement

« La danse et la musique burundaises donnent du renom à notre pays », déclare Jean Pierre Nimbona, alias Kidumu. L’ambassadeur de la musique burundaise dans la Communauté Est Africaine fait savoir que quand il se produit dans les pays de l’EAC, le public a envie de connaître ses origines. Par conséquent, M. Nimbona ne doute pas que l’activité musicale devrait en plus de cet aspect de la richesse culturelle, générer des revenus, ce qui n’est pas le cas au Burundi.

Le rôle des musiciens, souligne-t-il, dépasse de loin celui des politiciens : « Nous accompagnons le peuple. Que ce soit pendant la campagne ou pas. » D’ailleurs, se révolte-t-il, ce sont des artistes qui récupèrent les citoyens après la course électorale. Toutefois, force est de constater qu’aucun soutien ne vient des pouvoirs publics pour les appuyer : « Seuls les médias font de leur mieux. »

A titre d’exemple, Kidumu a organisé  en août dernier un festival qui lui a pris plus de 30 millions à son propre compte. Il regrette qu’au Burundi même celui qui donne sa petite contribution de 200.000 Fbu veut figurer sur l’affiche : « Ailleurs dans l’EAC, des sociétés de téléphonie mobile signent des contrats avec des musiciens parce qu’on entend leur musique chaque fois qu’on décroche le téléphone. »

Ce pays, remarque Kidumu, regorge de talents : des musiciens qui chantent en « live » : « Dans les pays voisins, de jeunes artistes jouent en « play back » pour leur public. Au Burundi, depuis Canjo Amisi, le live est toujours préféré et il domine. »
Et Pacy de soutenir que les Burundais sont les meilleurs pour leurs belles voix, leurs compositions par rapport aux chanteurs de la sous-région : « L’avenir de la musique burundaise se trouve là. » Ce qui nous manque, conclut Pacy, ce sont les hommes d’affaires qui puissent convertir cette musique en bonne affaire.

Forum des lecteurs d'Iwacu

16 réactions
  1. Tuzokira

    Pour moi, la culture Burundaise est si riche qu’elle peut nous etre une arme pour vaincre les haines et les divisions quelles qu’ils soient. Enfait, je proposerais que les doués en la matière conçoivent une philosophie qui va véhiculés les messages de clarification que les éthnies est une invention du système de « diviser pour régner », comme ce journal, dans ses articles de « si ma mémoire est encore bonne », l’a bien commencé. Les burundais, nous sommes encore très attachés et très fiers de notre culture. Au moment où nous saurons profiter les richessent qui s’y trouvent, ça nous permettra à vaincre l’ennemi qui continue à nous diviser d’une façon ou d’une autre. Mettons en valeur notre langue en laissant naitre une académie: nous sommes un des rare pays où on peut s’exprimer dans sa langue sur tout le territoire, et cela est un atoux auquel nos « diviseurs » ne peuvent pas nous oter mais qu’ils continuent à faire de la sorte que nous n’en tenons pas compte. Ils vont nous dire que pour etre un bon burundais, il faut parler le Français, et récemment kiswahili et l’Anglais. Et pourtant, aucun pays n’a été dévéloppé sans que ses fils et filles aient découvert leur identé propre à eux, et cette identité commencent par la langue la seule arme pour l’unification de ses enfants. J’encourage mes frères et soeurs de continuer à montrer les richesses de notre culture.

  2. Claude

    Eshe ingene utwo twana tuberewe, intore z uburundi. Ehe sha irya mpfura y uburundi n akagoma kiwe! ese iyaba abadutwara biyumvira kwivyo birezi bikeneye gukurira dans un monde beaucoup plus juste, beaucoup et plus equitable !

  3. Villard

    si il y a une chose dont l’on devrait être fièr ce sont les tambours pas comme les autres mais les tambours sacrés et ces jours ci tout est gaté ma foi………quand les filles jouent eh bien c’est Arusha ou c’est l’émancipation……

  4. vvnahimana

    Kuri royaume hari intorebiyereka neza caaaaaaane none vyaroyehe!??? C ‘est trės dommage.

  5. nahimana

    Kuri royaume hari intore biyereka neza caaaaaane none vyaroyehe????

  6. Bon article.Gusa,abo baririmvyi basigaye bitwara nk’abansumirinda bakwiye kwisubirako.Kuko kera nimba bahayagiza intwaro zaba zihari n’uko babitegekwa.Kuko ntakuvuga ivyiza kuri l’Etat mugihe ntavyo.Bihari ho ni mitende uretse ko n’aho atari sawa kuko umuririmyi yategerezwa kwitwararikwa gukundawa na bose.N’ayo ivyo Pacy ashikirije nta raison irimwo kuko bimwe yahora aririmba bibi mbona ntaho vyagiye!

  7. Kirinyota

    Il faut ko la danse traditionnelle reste traditionnelle; là où les filles dansaient poitrine nue; que ça reste comme ça. ce sera la pire conservation de la culture et de la tradition; urabona ga ntu!

  8. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Le petit Royaume du Burundi était l’un des plus structurés et des plus organisés d’Afrique ce qui a étonné et surpris les premiers blancs allemands arrivés au Burundi à la fin du 18ème siècle d’où des fantasmes et des spéculations que les populations qui étaient capables d’une telle organisation n’étaient certainement pas des Noirs… …! Comme on le sait, plusieurs hypothèses aussi fantaisistes les unes que les autres ont été avancées quant à l’origine des Tutsis évidemment a la base de l’organisation spectaculaire de ce petit royaume diriges par une succession 4 dynasties à savoir NTARE, MWEZI, MUTAGA, et MWAMBUTSA …!
    Cette magnifique organisation de notre pays a cédé aujourd’hui la place à la corruption et à l’incompétence, aux désordres de toutes sortes et j’en passe… ! C’est la décadence totale… ! Triste, non ?

    • vvnahimana

      C’est vrai.

    • Irakoze Odilon

      c’est vrai mais c’est pas les DD qui ont plongé le pays, celà a debuté en 93

      • vvnahimana

        Igihugu cononywe n’abanyoye amalaso, 65,69,72,88,93 voilå lq veritė

        • Tuzokira

          Igihugu cononywe n’abazanye ivyo vyiyumviro. Ayo matariki ni ingaruka z’ivyiyumviro vyabibwe n’abaducanishijemwo. Tutamenye kurondera imizi y’ivyo vyose, tukaguma turaba ayo matariki agaragara kuko ari ingaruka z’icabibwe mumitima n’imitwe y’abantu, ntituzopfa dukize indwara uwo mugera mubi w’amacakubiri waduteye. @ VVnahimana.

  9. Si c’était le cas positiv nous espérons que la position du gouvernement á travers le ministre de jeunesse et sport et de la culture qu’il aide ces fameux danseurs INGOMA et INTORE qui ces derniers disparessent au fur et a mesure avec le temps.
    Mon grand-père, mon père et nos familles nous enseignainet a danser a cause de peu de motivation nous ne pouvons pas apprtendre nos enfants ou autres sans motivation rien ne va

  10. Video

    Iwacu urakoze caaaaane. Ariko unkundire Iwacu ngusabe ikintu kimwe kandi muze mucandikeko mukebure abarundi bagira umuziki n’imvino: Barire abarundi (na none mufise ijwi rishika kure), iyo bagize ama Albums yabo baze baribuka Gushirako IBIMENYETSO BIRANGA UBURUNDI. Erega twebwe turaba izo ndirimbo turi hanze, turabona ko habuze ce sentiment nationaliste. Reka Ndaguhe akarorero. Umwigeme yitwa Cynthia wo muri « Holy voices », muri album yiwe aririmba indirimbo yiwe « Si l’amour pouvait » yambaye agapira kanditsetso « Portugal »… eka n’izindi bari bakwiye kuza barashirako ivyerekana ko indirimbo ari iz’uburundi cane cane bakiyumvira ko hari abazoziraba batazi Uburundi

  11. Kabizi

    Merci à Iwacu!
    Sous d’autres cieux, ce sont les musiciens qui sont les plus riches!
    À quant le Droit d’Auteur?
    les musiciens peuvent s’organisent et rafler tous les studios qui vendent leurs chansons sans autorisation comme cela se fait chez nos voisins Rwandais!

    • MAYUGI

      Ohooo, au moins un positif point; les burundais ont toujours stupéfait le monde, même en se coupant les têtes!

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