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Contre  » l’éditorial de la honte « 

11/08/2011 Commentaires fermés sur Contre  » l’éditorial de la honte « 

Ce 9 août, Isidore Rufyikiri, président du barreau, a démenti le contenu de l’éditorial du 27 juillet, diffusé sur les ondes de la radio Rema FM : « Je n’ai jamais donné l’ordre de pourchasser ou torturer les étudiants hutu. Je défie l’auteur de l’éditorial de révéler un seul nom. »

Le bâtonnier commence par remercier le Conseil National de la Communication pour avoir adressé une mise en garde à la Rema FM. Mais il y un « mais »: « Il aurait pu faire mieux que cela, tellement le cas est grave et choquant… »

La radio Rema FM a déclaré que « Maître Isidore Rufyikiri n’est pas à son premier emprisonnement est que le seul régime qui l’a épargné est celui de Jean-Baptiste Bagaza ».} Rufyikiri reconnait qu’il a été emprisonné deux fois sous le régime de Buyoya et deux fois sous celui de Bagaza: « Tous ces emprisonnements se sont soldés par un acquittement : ça dit tout ! »

Il ajoute qu’il n’a jamais connu de problème d’emprisonnement avec les régimes de Ndayizeye, Ntibantunganya ou de Ntaryamira. Le bâtonnier trouve que M. Louis Kamwenubusa s’échoue et sombre dans la confusion : « Il me qualifie de récidiviste ! Je l’envoie, s’il en a encore le moindre réflexe, d’aller se ressourcer. »

L’éditorial poursuit que « sous le régime de la 2ème République, Maitre Rufyikiri a été Chargé d’Affaires à l’ambassade du Burundi en Tanzanie. Pendant son passage, il se serait illustré dans le harcèlement des opposants au régime de Bagaza. Ils étaient pour la plus part de l’ethnie hutu. Parmi les persécutés de maître Rufyikiri, Remy Gahutu, fondateur du mouvement Palipehutu. Il sera tué sur le sol tanzanien en 1990. Il a également occupé le poste de Chargé d’Affaires en Algérie, toujours sous le régime de Bagaza. Les étudiants burundais boursiers ont vu de toutes les couleurs avec Isidore à ce poste. Ces burundais, qui ont étudié en Algérie, nous ont révélé, sous couvert d’anonymat (sic!), que ceux de l’ethnie hutu étaient accusés d’avoir des idées contre le régime Bagaza. Ils étaient pourchassés, torturés par les agents de l’ambassade sous l’ordre du Chargé d’Affaires. La plupart ont vu leurs bourses annulées et rapatriés manu militari avant même qu’ils terminent. »

Maître Isidore Rufyikiri affirme qu’il n’a jamais été Chargé d’Affaires, ni diplomate sous Bagaza: « Bien plus, je n’ai jamais été Chargé d’Affaires du Burundi en Algérie. »

Concernant son séjour en Tanzanie, il serait très curieux de voir un seul hutu qui aurait été harcelé par sa personne: « Le régime Bagaza a pris fin le 3 septembre 1987 et j’ai été nommé premier conseiller d’Ambassade en Algérie en novembre 1987 par le président Buyoya », précise-t-il. Puis il a été transféré à Dar-Es-Salaam en octobre 1990 au même poste: « Rémy Gahutu est mort et inhumé plusieurs mois avant que je ne sois muté d’Algérie à Dar Es Salaam. »

Il poursuit que l’Ambassadeur en Algérie, toujours en vie, était Salvator Ngendabanyikwa, un hutu sans équivoque et fier de l’être: « J’avais aussi de très éminents étudiants hutu, aujourd’hui très haut placés dans les institutions du pouvoir. Tout ce monde peut témoigner. »

L’éditorial ajoute que « Après le mandat à l’ambassade du Burundi en Algérie, Isidore Rufyikiri a été nommé Président de la cours de Sûreté de l’Etat, un tribunal non connu du grand public puisqu’il avait son siège dans les enceintes des services des sûreté, actuel Service Nationale de renseignement. Ceux qui sont passées par là du temps d’Isidore se rappellent. Il était le seul à auditionner les prévenus et pouvait les juger à sa guise ou selon les injonctions qu’il ne pouvait recevoir que du Président de la République en intelligence avec le patron de la sûreté de l’Etat. La plupart des hutus arrêtés par cette fameuse Sûreté devait passer à la guillotine sans autre forme de procès. Ils étaient exécutés dans les enceintes de la sûreté de l’Etat. »

Le bâtonnier juge que c’est « le sommet de la folie de Louis Kamwenubusa. Je n’ai jamais été président de cette Cour et je n’ai connu les bureaux de la sûreté, pour la première fois, le 17 janvier 1997. » C’est le régime militaire de Buyoya qui l’avait emprisonné, dit-il.

L’éditorial poursuit en déclarant que « Maître Isidore Rufyikiri, quoi que son statut d’avocat ne lui permette pas de jouer la politique, ne lui a pas empêché d’entrer au parti Parena de Jean Baptiste Bagaza. Il fait même partie des membres fondateurs. »

Le statut d’avocat, martèle-t-il, lui permet bien d’être membre d’un parti et même d’en fonder un: « Je prétends mieux le savoir que le rédacteur de Rema FM. Et je ne suis ni le père fondateur ni un simple membre fondateur », rétorque le président du barreau.

Il trouve que le venin de la haine a été craché, sur un ton excité, pour dresser les citoyens hutu contre sa personne. Cette radio lui rappelle la tristement célèbre radio Milles Collines de l’époque du génocide au Rwanda en 1994: « Je n’ai rien contre l’ethnie hutu et aucun hutu n’a jamais été victime des mes actes, directement ou indirectement. Je dénoncerai tout malfaiteur, qu’il soit hutu ou tutsi », fait savoir Maître Isidore Rufyikiri.

Il pense que tout cela est le fruit d’une rancune personnelle que Kamwenubusa garde inassouvie contre lui: « C’est depuis le jour où j’ai gagné un procès contre une très proche parenté à lui. Certains journalistes de Rema FM le savent bien. »

Il envisage de porter plainte bientôt contre Louis Kamwanubusa, auteur de l’éditorial qu’il qualifie de honteux.

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