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Commune Rumonge : cri d’alarme à Mutambara

23/06/2011 Commentaires fermés sur Commune Rumonge : cri d’alarme à Mutambara

Un mois après la destruction de leurs maisons par l’administrateur communal, des habitants de la localité de Kayange vivent dans une misère indescriptible. Ils demandent de l’aide aux bienfaiteurs. L’administration promet une solution.

<doc189|left>Assise devant ce qui reste de sa maison, Jeanine Ngendakuriyo a du mal à cacher sa souffrance. Larmes aux yeux, cette mère de sept enfants lâche : « Ce que l’administrateur communal nous a fait est inhumain. Même les bêtes sont mieux traitées dans notre pays. »

Depuis cette tragédie, ajoute-t-elle, sa famille dort dans une chambrette de 2 mètres carré qui n’a pas été détruite. Elle raconte qu’après le départ des policiers, elle et son mari ont couvert avec une tente cet espace pour avoir un abri.
Madame Jeanine n’arrive pas encore à comprendre la force utilisée pour détruire leur site comme s’ils étaient des criminels. « Les policiers avaient un tel arsenal qu’on aurait pensé qu’ils traquaient des malfaiteurs. »

Cette souffrance se lit aussi sur le visage de Zebede Sibomana. Il affirme qu’il ne lui reste que la chemise et le pantalon qu’il porte sur lui. Ce père de quatre enfants indique que ceux-ci n’étudient plus parce qu’ils n’ont plus de matériel scolaire : « Tout a été brulé. »

Traitement à deux vitesses ?

Localité de Kayange. A trois kilomètres du chef lieu de la commune Rumonge. Une centaine de maisons en ruine surplombent la colline Mutambara. Début mai, la police débarque et détruit tout sur ordre de Gérard Ndikumana, administrateur communal de Rumonge. La plupart des habitants sont reccueillis par des amis du village de paix de Mutambara 1(la colline compte déjà deux villages de paix). Mais d’autres refusent de quitter les lieux parce qu’ils n’ont pas où aller, disent-ils.
Actuellement, cette population vit dans des conditions difficiles. Selon elle, trois personnes sont mortes sur ce site à cause de cette destruction« Deux personnes âgées sont mortes de froid par manque des couvertures et un enfant a succombé, mordu par un serpent. Il n’y avait personne pour le secourir. », indique l’un d’eux, sous anonymat.

Ces gens demandent au gouvernement de leur venir en aide car ils sont devenus des sans abri par sa faute : « Nous ne nous opposons pas au projet de construire un autre village de paix dans nos parcelles même si l’administration refuse cette réalité mais elle doit nous inscrire sur la liste des bénéficiaires des maisons dans ce nouveau village », lâche avec colère, B.M, habitant dudit site . Selon lui, l’administration privilégie les rapatriés plus que les résidents comme s’ils ne sont pas des Burundais comme les autres.
En attendant, ces sinistrés demandent à l’Etat de leur envoyer de la nourriture et des couvertures : « Nous mourrons de faim », supplie l’un d’eux. « Sans oublier du matériel scolaire pour nos enfants qui n’étudient plus depuis que leurs cahiers ont été brulés par l’administration ».

« Cet acte était nécessaire… »

Gérard Ndikumana, administrateur communal de Rumonge comprend cette souffrance mais réfute l’accusation d’avoir brulé les biens de ces gens. Pour lui, tout le monde a eu du temps pour sortir ses objets.
L’administrateur communal rappelle que cet acte était nécessaire pour permettre au HCR de construire un autre village pour des rapatriés et des résidents vulnérables. Or, soutient-il, la majorité de ceux qui avaient construit des maisonnettes sur ce site, l’ont fait dans un domaine public. En plus, explique-t-il, ce sont des gens originaires de Ruyigi et Karuzi qui possèdent des parcelles chez eux. Par ailleurs, M Ndikumana indique que le gouverneur de Bururi a promis de contacter ses collègues pour que ces gens rentrent chez eux.

Concernant les habitants qui ont refusé de quitter le site, M. Ndikumana estime que ceux-là sont de vrais résidents vulnérables et 67 ménages ont déjà été identifiés comme tel.
Il promet qu’ils auront des maisons dans le nouveau village. L’administrateur communal les tranquillise. Pour lui, le ministère de la Solidarité est au courant de leur condition et une aide leur sera incessamment envoyée.
Toutefois, un membre du conseil communal estime que l’administrateur communal n’aurait pas détruit ces maisons. Il indique que le conseil communal n’a jamais été mis au courant de cette décision.

Plus 100 maisons du site de Kayange ont été soit détruites soit brulées par la police pour « occupation illégale » d’un domaine public. La police les a encerclées à partir de 5 heures du matin avant de les détruire et incendier sur ordre de Gérard Ndikumana en présence du commissaire régional et du commissaire provincial de police à Bururi.

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