Mardi 16 avril 2024

Économie

Café : des fertilisants et insecticides bientôt disponibles

02/02/2017 4

Les caféiculteurs attendent, d’ici deux semaines, au moins 500 tonnes d’engrais. En tout état de cause, cette pénurie aura une incidence sur la production attendue cette année.

Pour Joseph Ntirabampa, les caféiculteurs sont doublement punis
Pour Joseph Ntirabampa, les caféiculteurs sont doublement punis

« Comme alternative, nous avons proposé qu’une part du don de la Banque Mondiale puisse être utilisée pour faire la commande des fertilisants. Et l’idée a été acceptée », confie Joseph Ntirabampa, président de la Confédération Nationale des caféiculteurs (Cnac Murima w’Isangi). Il rappelle que ce don de 55 millions de dollars est destiné à redynamiser la filière café. Ce qui permettra, selon lui, de faire au moins une seule campagne de fertilisation.

« Selon le recensement réalisé par l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), il y a dix ans, il y avait 122 millions de caféiers au niveau national.» Il fait savoir que les besoins en engrais étaient alors estimés à 12 mille tonnes. Aujourd’hui, le président du Cnac Murima w’Isangi estime que malgré le relâchement de certains caféiculteurs, il y a environ 200 millions de caféiers. Conséquemment, affirme-t-il, les besoins en engrais chimiques et en insecticides ont augmenté.

M. Ntirabampa ne doute pas que la production va chuter, toutes les campagnes de pulvérisation n’ayant pas eu lieu. « Nous avons fait le 1er passage au mois d’octobre. Et 21 jours après, nous devions faire le 2ème. Cela n’a pas eu lieu à cause du manque de fertilisants ». Ainsi, 48% des drupes (fruits charnus à noyau) pourrissent, il y a perte de la qualité et les cerises jaunissent avant d’arriver à maturité. La production attendue pour l’année 2017 est de 16 mille tonnes.

Les caféiculteurs « doublement punis »

Dans le but d’augmenter la production, Ménard Bukuru, un caféiculteur de Kayanza, indique qu’ils avaient pensé au prépaiement des intrants, comme c’est le cas chez les agriculteurs. « Nous nous sommes engagés à payer 60% du budget pour l’achat des fertilisants, l’autre part étant prélevée sur 1 kg de café vendu. » Or, déplore-t-il, jusqu’aujourd’hui, ils n’ont pas eu ces fertilisants.

Pour Joseph Ntirabampa, le problème se situe au niveau de l’Intercafé. Et l’année 2016 avait été choisie comme une année d’essai. Ainsi, les caféiculteurs ont rassemblé plus de 53 millions de Fbu et les dépulpeurs ont donné une avance de plus de 202 millions de Fbu. Cette somme sera remboursée par les caféiculteurs. Cela constitue « une double punition », pour ces derniers. N’ayant pas eu d’intrants et d’insecticides à temps, explique M. Ntirabampa, ils ne s’attendent pas à une bonne production. « Mais, ils seront obligés de rembourser cet argent aux dépulpeurs. »

Intercafé lie ce retard à la conjoncture économique du pays. « Quand nous avons pris la décision de faire la commande, ceux qui ont gagné les marchés ont manqué de devises », avance Oscar Baranyizigiye, membre du comité exécutif d’Intercafé. Du coup, cela a entraîné un mois de retard. Il ajoute que son association a informé la Banque centrale et le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage. Ainsi, le problème a été résolu, se félicite-t-il, demandant aux caféiculteurs de faire preuve de plus de compréhension.

Selon Jean De Dieu Mutabazi, directeur général de l’Agence de régulation de la filière café (ARFIC), il a été constaté qu’Intercafé n’a plus la technicité et la capacité de le faire seul. Mais il tient à rassurer les caféiculteurs que de tels désagréments ne se reproduiront plus : « Nous sommes en train de voir comment ARFIC, Intercafé et CNAC Murima w’Isangi peuvent travailler ensemble pour l’achat du matériel. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Richard Marais. France

    Votre magnifique pas pourrait effectivement fort bien s’orienter vers les cultures de qualité. Ce serait un vrai plus pour vous tous en terme de santé et d’environnement et un atout supplémentaire pour l’exportation du thé et du café.
    On sait maintenant que les petites structures agricoles associées au système coop^ératif sont les meilleurs garants du revenu des paysans.
    Je souhaite de tout coeur que vous réussissiez dans cette voie qui est un outil solide pour sortir de la situation tellement difficile que vous connaissez.
    Un amoureux du Burundi

  2. Jereve

    Cette réflexion est aussi valable pour toutes les autres cultures vivrières et industrielles. Le label bio demande beaucoup de travail, mais peu de moyens financiers. Au bout du compte, cela paie très bien aussi bien financièrement que nutritionnellement.

  3. Ayuhu Jean Pierre

    enfin, une observation constructive de la part de M. Karayenga!

  4. Athanase Karayenga

    Questions aux producteurs du café, aux pouvoirs publics et aux organismes encadrant la production du café au Burundi !

    Est-ce que le Burundi ne fait pas fausse route en privilégiant un café produit avec un apport massif de produits phytosanitaires, des engrais et des fertilisants ?

    Dans les pays où se trouvent les plus grands marchés pour le café, la tendance irréversible des clients consiste à consommer du café bio. Beaucoup de pays, en Amérique Latine notamment, proposent désormais des cafés bio très appréciés par les consommateurs européens, notamment.

    Au lieu de dépendre de l’industrie des produits phytosanitaires, le Burundi ne gagnerait-il pas à se positionner sur le créneau d’un café bio de qualité produit dans des terroirs protégés et promus sur le marché international du café ?

    Athanase Karayenga

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