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Burundi: chiffres inquiétants à propos des enfants victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales

21/03/2012 Commentaires fermés sur Burundi: chiffres inquiétants à propos des enfants victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales

Parmi les 307 enfants rencontrés, 92 (30%) ont déclaré être victimes d’ÉSEC (exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales)tandis que 215 (70%) ont affirmé en être témoins. Cela résulte d’une enquête conjointe du ministère ayant la sécurité sociale dans ses attributions et l’Unicef, présentée ce mardi 20 mars, à Bujumbura.

« Les enfants sont utilisés dans la prostitution, dans le tourisme sexuel, sont victimes des mariages précoces et forcés, victimes des violences sexuelles et subissent des harcèlements sexuels de leurs supérieurs et de leurs enseignants,… ». Tel est le résultat d’une enquête sur « L’évaluation rapide sur l’exploitation sexuelle commerciale des enfants au Burundi » menée du 26 septembre au 25 décembre 2011. Cette enquête a été faite dans la ville de Bujumbura, à Bururi en commune Rumonge, à Makamba, dans la ville de Gitega et à Muyinga. D’après Annonciate Sendazirasa, ministre de la Fonction Publique, du travail et de la sécurité sociale, cette situation est le résultat de la guerre fratricide qui a secoué le Burundi pendant plus d’une décennie. Une explication soutenue par Johannes Wedenig, représentant de l’UNICEF, qui précise que cette situation semble se généraliser et touche beaucoup plus les enfants d’entre 13 ans et 17ans. Ce rapport souligne, en outre, que l’exploitation sexuelle commerciale des enfants a des causes multiples : la guerre, plusieurs familles se sont appauvries, se sont retrouvées dans des camps de réfugies ou se sont vues incapables de subvenir aux besoins de leurs enfants.

Des causes multiples

Suite à la pauvreté, souligne le même rapport, les enfants se sont mis à mendier dans les rues et de surcroît se sont adonnés à la sexualité pour une question de survie ou pour manque d’alternatives. D’après ce rapport, ces comportements sont aussi dictés par une insuffisance d’éducation à la sexualité, impossibilité d’aller à l’école, effritement des valeurs, impunité généralisée et la détention préventive prolongée des mineurs ainsi que les conditions de détention. Selon le même rapport, les lieux d’exploitation sexuelle sont l’école, à la maison, en prison, dans la rue, dans les camps de réfugiés et des déplacés ou dans les villages ruraux intégrés ou au travail. Cependant, cette situation se présente de cette façon au moment où le Burundi a adhéré à plusieurs traités internationaux relatifs aux droits de l’enfant. Il s’agit de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CDE) ratifiée en 1990, le Protocole facultatif à la CDE relative à la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie des enfants signé le 6 novembre 2007, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant signé le 28 juin 2004 et la Convention n°138 et la Convention n°182 de l’Organisation Mondiale du Travail (OIT) ratifiée le 19 juillet 2000 et le 11 juin 2002 respectivement. Pour Aimable Barandagiye, représentant légal de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (FENADEB), ce rapport est important: « Il faut maintenant arrêter des mesures pour punir et décourager ceux qui entrainent les enfants dans ces pratiques », exige-t-il. Il signale que la dégradation culturelle et l’impunité judiciaire entrainant des cas de récidivisme et l’incompétence de la police des mineurs y jouent un grand rôle. Il lance un appel à la police des mineurs, aux parents, à l’administration de s’impliquer davantage pour que cette situation change.

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