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Société

Burundi : 50% des enfants en âge d’être scolarisés ne le sont toujours pas

11/09/2013 7

Le monde célébrait ce dimanche 8 septembre la journée dédiée à l’alphabétisation. L’idéal qu’est l’alphabétisation pour tous est loin d’être atteint malgré les différents efforts (gratuité de l’enseignement primaire, école fondamentale, etc). Dr Libérat Ntibashirakandi, expert en éducation, nous livre ici son analyse.

Des écoliers en classe ©Iwacu
Des écoliers en classe ©Iwacu

Quel est le taux d’alphabétisation au Burundi ?

D’après l’Unesco, un analphabète est une personne incapable de lire et d’écrire, ou qui ne sait lire que des chiffres, son nom ou une expression courante apprise par cœur. En se basant sur cette définition, le taux d’alphabétisation indique donc le pourcentage d’adultes âgés de plus de 15 ans qui n’entrent pas dans cette définition. Pour l’ensemble de la période 1979-2010, on enregistre une moyenne annuelle de 46,6.C’est en 2010 qu’on enregistre le plus haut niveau (67,2) et c’est en 1979 qu’on enregistre le plus bas niveau (22,5). Ainsi, on a 1979 avec 22,51%, 1990 avec 37,38%, 2000 avec 59,30%, 2010 avec 67,16%. Sur la base de ces informations, on estime qu’en 2015 le taux d’alphabétisation devrait être de 77%.
Le Burundi est classé en 31ème position au niveau africain et en 170ème position au niveau mondial. Le Service national d’alphabétisation du Burundi a même reçu en 2011 le Prix d’alphabétisation Unesco-Roi Sejong pour son programme national d’alphabétisation.

Que faire pour atteindre l’idéal qu’est l’alphabétisation pour tous ?

A court terme, il me semble impossible d’atteindre l’aphabétisation pour tous. Même en Occident, cet idéal n’a jamais été atteint par bons nombres de pays. Trois pays : la Finlande, Le Groeneland et le Luxembourg ont atteint le 100%. La politique gouvernementale de scolariser tous les enfants en âge de l’être est excellente, mais il faut que cette mesure soit une obligation sinon il y aura toujours des enfants qui ne seront pas scolarisés pour des raisons variées. Quant à l’alphabétisation des adultes, il faut une politique bien pensée, par exemple un samedi sur deux pourrait être consacré à des formations des personnes qui ne savent ni lire, ni écrire. Une telle initiative viendrait en appui au travail remarquable des ONG ou ASBL comme Village imuhira, pour ne citer que celle-là, qui vient de former 418 adultes à lire, écrire et compter.

Quel est l’apport de la gratuité de l’enseignement primaire dans cet effort (d’alphabétisation pour tous) ?

La gratuité de l’enseignement primaire, d’abord, est théorique au Burundi. Tous les travaux de recherche publiés récemment sur la question montrent que les parents payent pour diverses raisons des sommes allant jusqu’à 10.000 Fbu alors qu’avant l’annonce de la gratuité, le minerval était de 1.500 Fbu. S’il est vrai que l’annonce a motivé les parents à inscrire leurs enfants dans le primaire, l’on assiste à beaucoup d’abandons. La gratuité a un impact me semble-t-il limité car 50% des enfants en âge d’être scolarisés ne le sont toujours pas.

A quoi servira l’Ecole fondamentale?

L’école fondamentale servira effectivement à alphabétiser les jeunes de moins de 15 ans au détriment de la qualité de l’éducation.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Alfred BURIMASO

    Les chifres qu’avance NTIBASHIRAKAKANDI ne sont que purement arbitraires et ne visent que desorienter et manipuler l’opinion publique.

  2. Typhon

    Après l’affaire de la Diaspora burundaise en Belgique, Dr Libérat est de retour. Sur quoi cet expert se base-t-il pour dire que le Burundi occupe les 30ième et 170ième positions ou pour dire que 10000 Fbu sont dépensés et que 50% de enfants ne sont pas scolarisés et cela malgré la gratuité de l’enseignement? Nous devons faire attention à certaines analyses et surtout pour des experts des mouvances politiques.

    • Ntibashirakandi Libérat

      Typhon,

      Il faut d’abord avoir le courage de signer par votre nom. Ensuite, la polémique n’avance en rien au problème posé! Je vous conseille avant de faire un commentaire de faire un petit effort et faire une simple recherche sur le Net. Je prends un seul exemple, wandengeye iry’umunani, le Burundi n’occupe pas la 30 ème position mais plutôt la 31 ème place: irabira aho
      http://theafricaneconomist.com/ranking-of-african-countries-by-literacy-rate-zimbabwe-no-1/#.UeD4D_msim7
      Je n’ai aucun intérêt d’inventer les chiffres. Oui, la vérité parfois blesse mais ça n’a rien à voir avec la politique et encore moins l’ASBL DBB.

      Bref, contribuons plutôt à faire en sorte que la situation du Burundi puisse s’améliorer dans l’intérêt des générations futures et du Burundi, le préalable étant d’établir un état des lieux.

  3. Jereve

    Les analphabètes? Que dire de nos diplômés, nos intellectuels, nos gestionnaires de la chose et ou de la vie publiques: oui, ils savent lire; mais quand on considère les mauvaises décisions que certains prennent, on peut se poser la question s’ils comprennent ce qu’ils lisent sur la complexité des problèmes de notre époque. Ne sont-ils pas analphabètes quelque part?

  4. Bakara

    « L’école fondamentale servira effectivement à alphabétiser les jeunes de moins de 15 ans au détriment de la qualité de l’éducation. »
    Reprenons vos données: en 1979 (sous quel régime?), taux d’alphabétisation de 22,51%!!!!
    Qui avait dit que le système de I/U n’avait pas été efficace?
    Par ailleurs, choisir entre une hyper qualité d’enseignement qui nous donne comme résultat 77,49% (100%-22.51%) d’analphabètes et une qualité moyenne d’enseignement qui nous fournit 90% de gens qui savent lire et écrire, le choix est vite fait en ce qui me concerne!

  5. Kabizi

    « En se basant sur cette définition, le taux d’alphabétisation indique donc le pourcentage d’adultes âgés de plus de 15 ans qui n’entrent pas dans cette définition».
    Quelle formulation?

    • Francine

      Kabizi,

      None ko utakosoye! Wagaye iki? Uterereye iki par rapport à l’esprit de l’article. Ivyo bavyita guta umwanya no gusamaza abandi basoma ivyo wanditse. Abarundi turakwiye kwikebuka, la modestie est une qualité n’est pas un défaut, ugaye ikintu vuga ivyawe urushe uwo aba yihenze.

      J’ai lu l’analyse de Libérat sur l’école fondamentale, le contenu de son article est relayé d’ailleurs sur la RPA depuis hier, aujourd’hui ngo gushika dimanche. Il a osé dire tout ce que la majorité des Burundais disent tout bas. Donc, il doit s’attendre à des critiques de la part des DD. Mais Libérat dit vrai car il ne fait que rapporter ivyo abategetsi bavuze kandi bemeye guhera kuri Président Nkurunziza le 2 septembre 2010, Buzingo severino na Rose Gahiru. Aravuga neza ko système édcatif unique itabaho muri EAC, avec des preuves à l’appui.

      Kubona umurundi w’incabwenge nkawe akorera ikindi gihugu birateye agahinda! Kwandika un article de 26 pages k’ubuntu aterera ivyiyumviro vyerekana ko akunda igihugu camwibarutse nkuko yavyanditse. Ntibitangaje rero kubona umwami w’Ububirigi yaramuhaye ikidari. Le Président Nkurunziza Pierre yarakwiye nawe nyene kumuha ikidari kuko ivyandiko vyiwe birimwo ivyiyumviro vyinsi amaze kumuterera: tolérance zéro mu vya corruption, la suppression du charroi de l’état, ibigwati, etc. biri mu nyandiko za Libérat. Ese Président Nkurunziza Pierre yomwumviriza akadukurako fyondamental!

      Journaliste burundais, admiratrice de Libérat

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