Vendredi 29 mars 2024

Société

Barrages de routes et sit-in : nouveaux moyens pour contester une décision judiciaire à Ruyigi

06/10/2013 3

Pour manifester leur ras-le-bol, les commerçants de la zone Nyabitare en commune Gisuru ont dressé des barricades, ce 28 Septembre 2013, sur toutes les routes de cette localité. Deux jours après, ils observent un sit-in devant le parquet. Une libération provisoire vient d’être accordée à trois bandits.

Vue partielle des commerçants de Nyabitare devant le parquet de Ruyigi ©Iwacu
Vue partielle des commerçants de Nyabitare devant le parquet de Ruyigi ©Iwacu

Faut-il barricader les routes ou faire un sit-in pour que la justice se reprenne? C’est la question qui taraude les esprits dans la province de Ruyigi. Samedi dernier, les commercants de la zone Nyabitare en commune Gisuru, accompagnés des habitants de cette localité, sont dans la rue depuis 5 heures du matin. Aucun véhicule ne peut entrer ou sortir de cette zone. Toutes les routes étaient fermées. De gros cailloux jonchent le sol. Tous les commerces sont fermés. «C’est le seul moyen de se faire attendre», disent-ils.

La libération provisoire de trois présumés bandits est à l’origine de ce mouvement de colère. Bernard Ntaconayigize, Léonard Bigirimana et Elysée Nsengiyumva venaient de passer un mois dans la prison de Ruyigi. Ils étaient accusés d’avoir cambriolé quatre kiosques dont un d’une valeur de 7 millions de Fbu. «Ce qui nous a mis hors de nous, c’est que le jour de leur libération ils ont organisé une fête et ont commencé à nous menacer », indique Sérapion Ngendakumana, propriétaire d’un de ces kiosques. Avec dédain, poursuit-il, ils nous disaient qu’on ne peut rien contre eux.

Les autorités communales sont dépassées. Avant toute négociation, les manifestants exigent d’abord l’arrestation de ces trois hommes. A 8 heures, le chef de poste Gisuru reçoit l’ordre du procureur de la République à Ruyigi, Isaac Sabuwanka, de les capturer. Ils sont incarcérés dans les cachots de la zone Nyabitare. Le procureur arrive lui aussi sur les lieux. Flanqué d’une dizaine de policiers, il essaie de calmer les manifestants en colère.

Ses explications ne convainquent pas. Isaac Sabuwanka décide de transporter les malfrats dans les cachots de Ruyigi. Coup de théâtre : deux des trois hommes se sont évadés. « Le policier qui les surveillait festoyait avec eux la veille », affirment les commerçants. Le policier est lui aussi embarqué.

Une affaire qui sent mauvais pour les autorités judiciaires et l’administration

Ce lundi 3O septembre, le ballet de différentes autorités dans les bureaux du gouverneur laissent transparaître de grands conciliabules en vue de trouver une solution. D’abord le procureur, ensuite le président du Tribunal de Grande Instance (TGI), Thomas Ntimpirangeza, et enfin des magistrats et juges. Décidés, les commerçants venus en grand nombre de Nyabitare attendent devant les bureaux du parquet. Ils cherchent des réponses. «Nous allons rester ici jusque à ce qu’on nous dise ce qui s’est passé», disent-ils.
D’après Thomas Ntimpirangeza, la chambre de conseil a accordé la liberté provisoire à ces trois hommes sur recommandation du ministère public. «La loi a été bel et bien respectée.» Du côté du parquet, on fait savoir qu’ils n’avaient pas de preuves suffisantes pour les maintenir en prison. Ils exhortent la population à ne pas attendre la libération provisoire des prévenus pour venir les charger.

Les commerçants ont une petite idée

Ces citoyens parlent de corruption. Ils chargent un commerçant du nom de Cyprien Kabusosi qui aurait joué un rôle dans cette libération. Ce dernier réfute ces accusations et indique qu’il n’est jamais entré en contact avec ces voleurs. Le président du TGI demande à ces commerçants de toujours désigner les juges impliqués dans ces cas de corruption. Toutefois, il met en garde ceux qui se rendent coupables de calomnie.
Aujourd’hui, ces habitants de Nyabitare indiquent qu’ils n’ont plus confiance en la justice. Et qu’ils ne peuvent plus vivre avec ces hommes. Le gouverneur leur demande de laisser la justice faire son travail. Signalons que les deux individus évadés sont toujours en cavale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. x-lia

    « Le gouverneur leur demande de laisser la justice faire son travail ».
    Où est cette justice qui sache trancher les affaires judiciaires équitablement sur le territoire burundais Mr le Gouverneur ???? Si vous en trouvez une, montrez-la moi! je suis convaincue que, s’il en existait une, notre pays ne serait pas tombé dans le gouffre comme il l’est maintenant.

  2. Mwaro

    Rwanira agateka kanyu, abasuma nibatabwe muriyompi amategeko akore.

    Ese abarundi bose bomera uko

  3. Nous soutenons cette population pour la lutte contre une telle justice. Combattez chers mis, peut-être la justice finira par agir.

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