Abattoir de Gitega : une hygiène minimale

A l’abattoir de Gitega s’observe une insalubrité sans nom. La responsable technique de cet établissement dénonce un personnel insuffisant et un manque de matériel. La commune de Gitega est pointée du doigt dans la mesure où c’est elle qui collecte les taxes.

Plus d’une cinquantaine de bouchers tourbillonnent à l’intérieur de l’abattoir. Certains sont pieds nus, d’autres portent des chaussures. Leurs habits, on n’en parle pas. Ils n’ont pas été lavés depuis belle lurette. Les carcasses sont déjà suspendues et les têtes de bœufs gisent par terre. On les traîne, on les piétine car les bouchers sont pressés. Sur la surface d’abattage, il y a tellement de sang qu’on ne voit plus le ciment. De petits trous remplis de ce liquide jonchent le sol. «Ces trous retiennent des bactéries qui pourraient contaminer la viande», souligne Odette Nshimirimana, responsable de l’abattoir chargée de l’inspection vétérinaire.

Dans la partie où se fait la préparation des viscères thoraciques, les canaux qui acheminent les déchets à l’extérieur sont bouchés. Selon les bouchers, ça fait des années que ces déchets s’accumulent là. C’est encore pire dans la chambre de lavage des viscères intestinaux. De la bouse de plusieurs jours s’observe sous les éviers. Et l’état de ces derniers? Des nids de bactéries. «L’hygiène n’est pas du tout respectée. Elle est tellement minimal », affirme Odette Nshimirimana.

Problème de personnel et de matériel

Personnel insuffisant et manque de matériels semblent être les causes de cette insalubrité à l’abattoir de Gitega. Selon Odette Nshimirimana, seuls trois employés se chargent de l’hygiène et ces derniers se plaignent tout le temps d’être mal payés par la commune de Gitega. Pour gagner un peu de sous, ils se convertissent en bouchers et l’hygiène en pâtit.
En plus de ce problème, la responsable relève un problème de matériel. D’après elle, ces chargés de la propreté utilisent seulement un balai et de l’eau pour laver le sol après l’abattage. Cela se voit avec les murs du bâtiment qui sont d’une noirceur extraordinaire. «Nous aimerions avoir au moins des tuyaux d’arrosage et du savon», indique-t-elle.

« Où va l’argent des taxes ? »

C’est la question qui taraude l’esprit des bouchers. Odette Nshimirimana précise qu’elle s’occupe uniquement de l’inspection vétérinaire de la viande pour le compte de l’Institut supérieur agronomique (ISA) et la commune se charge de la collecte des taxes. Cette responsable ainsi que les bouchers pointent du doigt la commune de Gitega. Pour eux, c’est la commune qui doit s’occuper de cette question d’hygiène.

Odette Nshimirimana fait remarquer que la commune perçoit une taxe journalière d’assainissement de 200 Fbu par bovin et 60 Fbu pour les caprins. Et quand la viande arrive au marché, une autre taxe communale de 1000Fbu par tête pour les vaches et 300Fbu pour les chèvres s’ajoute. Depuis vendredi dernier, l’Office Burundais des Recettes (OBR) s’est mis aussi à relever des taxes journalières, selon Odette Nshimirimana. 800 Fbu par tête pour les vaches et 500 Fbu pour les petits ruminants. Elle fait savoir qu’en moyenne 250 bovins et plus de 400 caprins sont abattus par mois. «Pourquoi alors, la commune ne contribue-t-elle pas pour améliorer l’hygiène.», s’interrogent les bouchers.

D’après des sources bien informées, il y aurait une divergence entre l’ISA et la commune Gitega. Cette dernière voudrait s’approprier de l’abattoir mais comme c’est un milieu d’études pour les étudiants, l’ISA ne le voit pas de cette façon. Contacté, l’administrateur de la commune Gitega, Valentin Nahimana, avait promis de nous recontacter. Iwacu a attendu en vain.